Le Monde des pires
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INTERLIGNE POLITIQUE

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INTERLIGNE POLITIQUE Empty INTERLIGNE POLITIQUE

Message  Admin Mer 21 Mai - 10:27

« Pourquoi une nouvelle revue ? » Entendons derrière cette question, déjà un aboutissement, déjà un chemin parcouru.

La question peut d’abord sembler première à la création d’une revue : en quoi Le Monde de Pires n’est-il pas une énième revue ? Il n’en est rien, la question est seconde, importante mais seconde : Le Monde des Pires a, à la fois la modestie d’être une revue de plus parmi d’autres, et la prétention d’être déjà plus qu’une revue. C’est sur ce paradoxe qu’elle se construit.

Cette revue est d’abord le seul fruit du désir que différentes énergies ont de se réunir, et dans l’effort qu’elles mettent à le faire, de créer un nouvel espace, un lieu. Elle est donc précisément le centre en cristallisation d’un espace nouveau et instable : elle n’est pas le récipient de ces énergies auxquelles il s’agirait simplement de donner une forme et une organisation pour que « ça roule », mais elle est le produit, la création confuse de la réunion de ces mêmes énergies, leur prolongement brut, en même temps que leur éclatement.

La première question qui se pose alors vraiment est : qu’est-ce qui caractérise ce nouvel espace ? Simplement : ce qui le caractérise c’est ce pourquoi nous l’avons ouvert, en l’occurrence la prise de conscience que les lieux que nous avons l’habitude d’habiter (et qui encore nous habitent), parce que trop cloisonnés, trop hiérarchisés, trop disciplinés, trop spécialisés, tuent dans l’oeuf des ressentis, des rencontres, des dires et des actions trop vitaux à nos yeux pour ne pas voir le jour.

Ce fut la Faculté, mais ça aurait très bien pu être autre chose, autre part. Ce fut la fac et tant mieux : elle est en un sens à l’image de ce qui se fait de pire.

Ainsi ce projet de revue, avant de se poser la question de sa direction, de ses fins, se constituait d’abord comme une délocalisation : le lieu possible d’une réunion d’étudiants pour qui les grèves avaient « révélé » le sinistre état des lieux de la faculté où toute parole aboutit à un non-lieu. Il ne se dit rien dans une fac, ou plutôt, derrière tout dire des stratégies agissent et l’étouffent. Le Monde des Pires, après coup, pose la question de ses objectifs, et c’est d’abord le souci de ne pas devenir malgré elle, comme l’est maintenant la fac, un lieu distrait par lui-même, inattentif à lui-même et à ce qui l’entoure, qui s’impose. Faire surgir un dire à travers la fac depuis et vers autant d’espaces extra-universitaires qu’il n’y a de voix pour lui donner un sens, voilà qui serait une direction.

Aussi, la ligne politique de cette nouvelle revue se dessine comme beaucoup de choses, à tâtons : c’est bien souvent en ce qu’elle demeure claire pour certains, et confuse pour d’autres qu’elle prend forme. Mais peut-on encore ici parler de ligne ? Et quand on dit politique, car pour sûr nous ne sommes pas stupidement apolitiques, doit-on encore entendre les slogans de la lutte et de la résistance ? Ces questions restent en suspens, et entre les lignes, nous espérons, des réponses s’inventent. Faire surgir du dissensus, parce que le politique pour nous est toujours en dehors du consensus gestionnaire et des petites luttes de pouvoir, voilà qui serait une orientation.

Nous n’essaierons donc pas de vous vendre l’illusion d’une revue politique bien assise sur ses bases idéologiques : nous oserons dire que si « ça prend » et que cela donne les quelques pages que voici, c’est sans programme, sans cause commune, c’est-à-dire sans grande ligne tracée qui permettrait une identification claire. Nous nous sommes réunis, mais notre unité nous échappe encore. Nous n’y voyons aucun drame : de cette position tout est possible, et surtout d’éviter le simple fonctionnement. Nous préférons faire pour l’instant le pari que les textes réunis entre ces pages permettront d’esquisser le visage que pourrait prendre cette revue. La définition d’un mouvement collectif se fait bien plus souvent entre les lignes que par des mots d’ordre partisans qui, finalement, ont toujours autant de sens que d’efficacité.

Pour revenir à ce qui a été dit plus haut : nous ouvrons un lieu, il va sans dire que nous ne l’ouvrons pas à ce qui a fait des autres lieux des lieux-cloison, des lieux-discipline. Ainsi, entre les lignes, c’est l’entretien, la propagation, l’éclatement de ce lieu-autre que nous nous efforçons de construire modestement. Loin de vouloir brouiller les pistes, ou de ne pas la jouer franc-jeu, il s’agit d’une réelle confusion qui nous semble essentielle et saine. Saine : ce qu’il faut de morbide pour maintenir de la vie. Nous n’écrivons pas pour remplacer un engagement, mais bien pour le continuer.

L’écriture de cette revue n’est pas conditionnée par l’événement politique d’une élection ou d’une loi ou d’une injustice quelconque, elle entend simplement concrétiser un désir de prendre la parole, pour comprendre et attaquer ce monde des pires lois et des pires injustices.



gabriel et clément

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