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SUR LE PLAISIR ÉCOLOGIQUE

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Message  Admin Mer 21 Mai - 10:37

Pour (vraiment) en finir avec leur écologie.

Ce qui vient en premier à l’esprit, face aux récents débats et aux récentes actions écologiques telles que le Grenelle de l’environnement qui a eu lieu en octobre 2007, c’est cet énorme paradoxe : faire de la promotion pour des voitures dites moins polluantes en offrant à chaque nouvel acheteur une prime (donc pousser les consommateurs à échanger leur voiture pour une nouvelle) tout en faisant passer tout ça pour un grand geste écologique. Car si ces voitures sont dites moins polluantes, elles restent des voitures tout de même (qui polluent moins quand elles roulent mais tout autant à la construction).

Ça y est, la pastille verte a été créée ! Nouvel atout des constructeurs, nouvel argument mise en avant dans la vente d’une voiture que l’on peut d’ores et déjà entendre dans les publicités. Cette dite solution écologique ne pourrait engendrer rien de mieux qu’une hausse de la consommation dans le secteur automobile, ce qui à plus longue échéance relancera la croissance dans ce secteur. Le Grenelle de l’environnement est bien ce qu’il est, un crachat sur la tombe de mai 68 et sur ce qui a pu s’élever à cette période. Comme un petit club à Rome en 1970 qui prônait une folie : la croissance « zéro » ! Une honte. D’autres plus fous encore sont allés jusqu’à lancer les termes de décroissance et « d’a-croissance » pour mettre en lumière la contradiction entre la course à la croissance et la résolution des problèmes environnementaux. N’en parlons plus, car tout ceci est enterré. Aujourd’hui on fait de l’écologie tout en promouvant la consommation de produits extra-polluants. Aujourd’hui, on fait le Grenelle de l’environnement et le mois d’après a lieu la vente de deux réacteurs nucléaire EPR en Chine, par le même colporteur. Il le sait bien, les problèmes climatiques n’arriveront pas sur le territoire français depuis la Chine : ils ne passeront jamais la frontière ! Aujourd’hui a lieu l’ère de la croissance propre et morale, avec prise en compte du climat, de série, mais servant tout juste de porte-gobelet.

Par exemple, chaque employé dans un bureau a le droit depuis quelques temps à deux poubelles, l’une pour les déchets ordinaires, l’autre pour le papier, afin que chacun mette la main à la pâte et puisse sauver la planète à son échelle. Le geste est sympa, dommage qu’après leur service, quand plus personne ne reste dans les bureaux, ces deux poubelles se retrouvent dans une seule et même benne… La politique de l’entreprise se doit d’être irréprochable de propreté et pratiquer le coup de la benne à l’écart du regard de ses employés. En parlant de petits gestes qui nous permettent nous aussi de faire notre petite révolution écologique : quelle bonne idée de responsabiliser les citoyens, devenus citoyens-écolos, de les reprendre sur leur façon de ne pas baisser le chauffage électrique pour tout de suite enfiler un bon pull en laine ! En effet, ce sont par tous ces petits gestes que l’on sauvera la planète. Bah ! Tout ça pour sentir propre car le coup de la benne se généralise. Le report d’actions environnementales sur les individus, sommés de réaliser de petits gestes quotidiens est d’une hypocrisie sans borne. Responsabiliser les individus, promouvoir le petit geste, c’est oublier la solution collective pour traiter le problème, c’est oublier que la responsabilité est faite de niveaux et que le premier de tous est celui du gouvernement qui continue à promouvoir sa pastille de croissance toute propre.

Mais l’écologie, c’est d’abord aujourd’hui un plaisir. Celui de faire propre contre tous ceux qui sont dégueulasses, de prétendre à un devoir face à notre planète, devoir qui a tout du superficiel puisque cet objectif n’empêchera jamais le consommateur de se déplacer jusqu’à son supermarché. L’écologie est ce qui nous rend plus propre, symbole d’activité, de responsabilisation. C’est un loisir, une activité citoyenne, car chacun dans son petit espace peut faire le ménage. L’environnement n’a plus rien de mondial (s’il l’a déjà été un jour), il est strictement individuel. Bien loin de la définition d’Einstein : « tout ce qui n’est pas moi », l’environnement c’est justement la définition d’un espace privé où chacun se distribue les bons points à mesure que les bons gestes sont réalisés. Cette position reste un atout pour les pouvoirs en place qui, au lieu de traiter les problèmes environnementaux à l’échelle du pays ou de la planète, peuvent renvoyer chaque individu vers son petit espace personnel dans lequel les actions écologiques peuvent aller bon train tandis que la croissance reste intouchée.

Comment réagir face à une telle dynamique ? La première solution peut être, puisque l’écologie a été intégrée et ruminée par ce système et qu’elle est devenue maintenant un des enjeux essentiels de la croissance, de rompre complètement avec ce système. Refuser un développement durable qui demanderait à exécuter durablement tous ces petits gestes et lui substituer un plaisir immédiat, une jouissance instantanée même si ça ne dure que quelques années. Echanger le plaisir écologique, propre et superficiel, par un plaisir non-économe et à court terme. Une seconde solution pourrait bien être envisagée, qui supplanterait une première peu constructive qui finalement jouerait le véritable jeu caché d’une économie libérale décomplexée. La seconde solution, c’est un appel à un règlement collectif du problème, c’est en finir vraiment avec leur écologie. S’éloigner du traitement d’experts qui préconisent la pastille verte et tenter une solution véritablement politique : d’abord peut être ne pas définir le problème comme relatif à notre façon actuelle de vivre mais plutôt l’inverse. Peut être revenir également sur les notions de croissance « zéro » et d’a-croissance, lancées dans les années 70, non pas comme des objectifs mais comme des signaux, des cris utopiques (et alors ?) qui permettent de définir de nouvelles dynamiques à lancer. Les problèmes environnementaux ne pourront être résolus tant que l’objectif de croissance reste en place et intouché. Il ne s’agit pas de refuser en bloc cette croissance et tous les avantages qu’elle porte, mais de bien identifier les dangers et les effets pervers qui la suivent pour tenter une résolution de ces effets. Le terme de « développement » désignant un indicateur tout comme la croissance mais intégrant diverses autres variables comme l’IDH (Indicateur de Développement Humain) doit être privilégié.

Enfin, tenter une solution politique c’est engager un « débat de société » autour de ces questions. Laisser de côté une communication désastreuse nous montrant des glaciers qui fondent. Comprendre qu’il s’agit encore de choisir : entre la seconde solution, celle d’un règlement collectif et cohérent c’est-à-dire non mensonger des problèmes environnementaux ; ou entre la première solution, elle aussi cohérente et non mensongère mais nous plaçant directement dans le plus important des individualismes où ce qui n’est pas moi est le dernier problème à régler.



milan

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