« Souci de soi » ou provocation mystique ? à travers l’angoisse esthétique de Philippe Katerine
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« Souci de soi » ou provocation mystique ? à travers l’angoisse esthétique de Philippe Katerine
« Souci de soi » ou provocation mystique ? à travers l’angoisse esthétique de Philippe Katerine
« En réalité, je ne trouve mon bonheur nulle part. Je me sens assez mal partout. » Philippe Katerine
« Un philosophe dans un banquet me fait l’impression d’un chien dans un bain. » « Eloge du Parasite » Lucien de Samosate.
Résumé : Le chanteur, auteur, compositeur, plasticien, metteur en scène Philippe Katerine stigmatise le « penseur-artiste » nietzschéen par excellence, à travers toute son œuvre depuis plus de dix ans. Le but de cet article est de voir les enjeux épistémologiques de l’esthétique katerinienne perçue d’une façon transversale au travers de divers travaux, couvrant un éclatement apparent de « touche à tout ». Nous allons voir en quoi cette dispersion de pratiques, a priori, révèle finalement en amont d’une logique du passage – de l’égo vers le rhizome. La question se posera comme suit : est-ce que l’œuvre de Philippe Katerine nous apprend sur notre condition d’individus « postmodernes » ?
Ecriture « pornographique » du réel
Katerine, de son vrai nom Philippe Blanchard né en 1968 voulait, enfant, devenir prêtre. Il laisse entendre que ses chansons sont : des chansons « chewing-gum » « que l’on mâche et puis jette ». Quelque peu désabusé, apparemment face au monde qu’il côtoie, son propos textuel tient de l’ordinaire, il parle de ce qui crée nos réalités. C’est un dévoilement perpétuel du « cynisme romantique », dixit Houellebecq, des hommes postmodernes. On pourrait se poser la question du double du réel en ce qu’il a d’aliénant, et de la schizophrénie chez Katerine, mais cette question n’aurait rien à apporter sur l’œuvre. S’il y a un double entre le personnage sur scène, sa réalité telle qu’il la vit intentionnellement, et l’image médiatique qui en découle, ces éléments ne sont que des éléments représentationnels. Ce double n’est que fictif. Mais quelle est sa manière de dénoncer, de critiquer en contemporain notre servitude aux corps ? Dans les albums sortis en 1998 Les Créatures et L’homme à trois mains, entre les lignes et les sons, comme chez Godard on peut trouver là une logique double du sens (sens occulté en apparence), non-monté dialectiquement mais sur un mode inconscient, - tels les Dadaïstes, voire même une écriture automatique. Ce sont dans ces deux albums des appels à la narration de vie, où s’engage intimement une existence dans une œuvre. Le message est clair, il dénonce là la barbarie aliénante et prostitutionnelle des hommes à laquelle il participe mais dont il ne peut faire que raconter la dramaturgie esthétisée. Il y a une perte fondamentale de son humanité à travers la cruauté imposée par l’homme, voire peut-être aussi par lui-même : Katherine (en tant que vip!). Ce dernier déjoue la figure du philosophe en étant en un sens, philosophe ironique. A travers son œuvre d’une part et à travers le constat quasi sociologique, il pointe une ontologie du fécal ; cette dernière sied à son statut du poète parasitaire et décadent. La quête désespérée de l’amour, chez lui se solde, en dernière instance par un j’avais envie de baiser… Son travail sur l’intime sait rester en dehors du cadre, peut-être parce qu’à ses yeux la construction ou le souci de soi est préférable au déversement et à l’effusion d’un « je » vague et diverti. Ce sont les préoccupations mystiques, au sens Deleuzien d’une immanence radicale et d’un athéisme mystique, qui s’affrontent dialectiquement, en une angoisse perpétuelle, face à la popularisation de l’art, son emprise sur l’artiste et son porte-voix d’ondes audiovisuelles : la starification… Est-ce que le moi serait haïssable au point de le faire se déshabiller au grand public ?
[A suivre]
« En réalité, je ne trouve mon bonheur nulle part. Je me sens assez mal partout. » Philippe Katerine
« Un philosophe dans un banquet me fait l’impression d’un chien dans un bain. » « Eloge du Parasite » Lucien de Samosate.
Résumé : Le chanteur, auteur, compositeur, plasticien, metteur en scène Philippe Katerine stigmatise le « penseur-artiste » nietzschéen par excellence, à travers toute son œuvre depuis plus de dix ans. Le but de cet article est de voir les enjeux épistémologiques de l’esthétique katerinienne perçue d’une façon transversale au travers de divers travaux, couvrant un éclatement apparent de « touche à tout ». Nous allons voir en quoi cette dispersion de pratiques, a priori, révèle finalement en amont d’une logique du passage – de l’égo vers le rhizome. La question se posera comme suit : est-ce que l’œuvre de Philippe Katerine nous apprend sur notre condition d’individus « postmodernes » ?
Ecriture « pornographique » du réel
Katerine, de son vrai nom Philippe Blanchard né en 1968 voulait, enfant, devenir prêtre. Il laisse entendre que ses chansons sont : des chansons « chewing-gum » « que l’on mâche et puis jette ». Quelque peu désabusé, apparemment face au monde qu’il côtoie, son propos textuel tient de l’ordinaire, il parle de ce qui crée nos réalités. C’est un dévoilement perpétuel du « cynisme romantique », dixit Houellebecq, des hommes postmodernes. On pourrait se poser la question du double du réel en ce qu’il a d’aliénant, et de la schizophrénie chez Katerine, mais cette question n’aurait rien à apporter sur l’œuvre. S’il y a un double entre le personnage sur scène, sa réalité telle qu’il la vit intentionnellement, et l’image médiatique qui en découle, ces éléments ne sont que des éléments représentationnels. Ce double n’est que fictif. Mais quelle est sa manière de dénoncer, de critiquer en contemporain notre servitude aux corps ? Dans les albums sortis en 1998 Les Créatures et L’homme à trois mains, entre les lignes et les sons, comme chez Godard on peut trouver là une logique double du sens (sens occulté en apparence), non-monté dialectiquement mais sur un mode inconscient, - tels les Dadaïstes, voire même une écriture automatique. Ce sont dans ces deux albums des appels à la narration de vie, où s’engage intimement une existence dans une œuvre. Le message est clair, il dénonce là la barbarie aliénante et prostitutionnelle des hommes à laquelle il participe mais dont il ne peut faire que raconter la dramaturgie esthétisée. Il y a une perte fondamentale de son humanité à travers la cruauté imposée par l’homme, voire peut-être aussi par lui-même : Katherine (en tant que vip!). Ce dernier déjoue la figure du philosophe en étant en un sens, philosophe ironique. A travers son œuvre d’une part et à travers le constat quasi sociologique, il pointe une ontologie du fécal ; cette dernière sied à son statut du poète parasitaire et décadent. La quête désespérée de l’amour, chez lui se solde, en dernière instance par un j’avais envie de baiser… Son travail sur l’intime sait rester en dehors du cadre, peut-être parce qu’à ses yeux la construction ou le souci de soi est préférable au déversement et à l’effusion d’un « je » vague et diverti. Ce sont les préoccupations mystiques, au sens Deleuzien d’une immanence radicale et d’un athéisme mystique, qui s’affrontent dialectiquement, en une angoisse perpétuelle, face à la popularisation de l’art, son emprise sur l’artiste et son porte-voix d’ondes audiovisuelles : la starification… Est-ce que le moi serait haïssable au point de le faire se déshabiller au grand public ?
[A suivre]
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