Forum pour l'emploi

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Vendredi 14.03, 11 heures.

Courrier : pub. Bonheur. Une publication arrête plus que les autres mon attention : Le Grand Toulouse Infos : magazine de la communauté d'Agglomération du Grand Toulouse, n°17, février 2008. En couverture une belle illustration du futur Aérospace Campus, simulation lumineuse, au vert-bleu métal futuriste. J'ouvre ledit journal, rubrique « Economie ». Page sur les « Carrefours pour l'emploi, une méthode qui a fait ses preuves ». Je passe sur les « carrefours » et autres intermarchés pour aller au sous-titre accrocheur : « Première édition réussie pour les Carrefours pour l'emploi, Toulouse Métropole Midi-Pyrénées ». J'imagine un sous-titre moins victorieux : « Gros flop du salon pour l'emploi, expérience à éviter » ou « Les visiteurs déçus désertent le forum, pas de turbin dans la ville rose ». Non vraiment ça ne serait pas sérieux. Puis je lis : « 1400 visiteurs, 250 directions de RH, 1500 postes proposés » et « un large panel » de contrats de tout types. Je commence déjà à regretter d'avoir loupé ces soldes, mais une petite soustraction et j'en déduis qu'il reste au moins mille postes... Espoir.
Développement : « au-delà des chiffres, le premier bilan du salon [...] qui s'est déroulé les 29 et 30 novembre dernier est un succès ». Non seulement il y a eu plus d'offre que de demande, mais en plus c'est une réussite, ce qui veut sûrement dire que nombre de sans-emploi y ont trouvé leur bonheur... Mais pourtant rien : nulle part il n'est fait référence à une quelconque efficacité chiffrée. De quel succès s'agit-il alors ? Trois éléments : 1/ D'abord les DRH « ont plébiscité plus particulièrement les qualités des candidats et leur niveau de préparation, ainsi que la richesse des profils ». C'est déjà ça. J'imagine l'échec cuisant d'un salon où les DRH privilégieraient les défauts des candidats, leur non-qualification et la pauvreté de leur profil. 2/ « Les candidats ont appréciés l'organisation générale, l'accompagnement [...] et l'efficacité des entretiens ». On pense au petit sondage sur les formalités d'accueil, le sourire de la caissière, la qualité de l'éclairage, la présentation des amuse-gueules etc., mais rien sur leur chance d'avoir décroché quelque chose. Tellement rien qu'on n'y fait pas référence ici non plus. 3/ « Le retour est également positif du côté des partenaires, spécialistes de l'emploi et de la formation ». Tant mieux alors, puisqu'ils sont spécialistes, ils savent de quoi ils parlent, s'ils sont contents c'est que ça s'est bien passé.
Comment de toute façon cela aurait pu mal se passer puisque G. Beyney, élu au Grand Toulouse en charge du développement économique, constate que le système du salon est « une méthode qui a fait ses preuves ailleurs en optimisant les conditions de la rencontre entre recruteurs et candidats ». Bon alors si ça marche ailleurs, ça marche ici, d'ailleurs les termes : méthode, preuve et optimisation ne nous sont pas complètement étrangers et résonnent en nous comme des gages inéluctables de scientificité, de rationalisation, de protocolisation universalisable, bref d'efficacité. Je reste tout de même surpris par la conclusion de cette apologie : « le comité de pilotage se réunira d'ici peu pour faire un premier bilan de l'opération ». Donc il n'y a toujours pas eu de bilan, et pourtant c'est un succès... Qu'à cela ne tienne, puisqu'on me prévient que la méthode du salon s'appuie sur le « coaching des candidats et une logistique adaptée ». Les fameux professionnels de l'emploi (Anpe, missions locales...), les coachs, ayant préparés en amont « les candidats avec simulation d'entretiens et valorisation de CV », et la SNCF et Tisséo ayant mis à disposition des candidats des navettes gratuites dans toute la région. Le « petit plus » qui fait la dif' quoi. Autrement dit, avant même d'avoir eu lieu, ce forum était déjà un succès. C'est un peu comme Uncle Benz si je comprend bien. Décidément, je me mord les doigts de n'avoir pas été au courant d'une expérience si positive.
Mais heureusement on me dit que « le site internet reste ouvert pendant trois mois et une CV-thèque permet aux personnes qui n'ont pu se déplacer, de tenter leur chance ». Ouf. Une CV-thèque, c'est le jackpot assuré...