Le Monde des pires
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -36%
WD_BLACK Disque SSD Interne 2 To – SN770 NVMe ...
Voir le deal
109.99 €

Pour l'Art et l'Expression Libres

Aller en bas

Pour l'Art et l'Expression Libres Empty Pour l'Art et l'Expression Libres

Message  Admin Dim 29 Juin - 15:08

Pour l'Art et l'Expression Libres : la ville, l'association, et son quartier.

Toulouse se lance dans une hypocrite course vers 2013, conviant tous ses partenaires institutionnels à faire de la ville une entreprise sur le marché du tourisme et de l'animation culturelle, nous confortant dans l'idée que la « Culture » se mesure, se valorise et se consomme, incarnée derrière les vitrines d'un centre ville autiste. La culture, nouvelle arme économique pour convaincre les ingénieurs d'Airbus, les touristes de l'Europe et d'ailleurs, et les toulousains eux-mêmes qu' « à Toulouse il fait bon vivre ». La culture perd peu à peu sa majuscule, ici et ailleurs, pour courber l'échine devant les impératifs du « monde réel », celui du travail, de la production et de la concurrence : elle n'est que de la poudre aux yeux masquant les initiatives concrètes et les besoins réels.

Loin de cette logique dominante ; attachée à faire vivre les quartiers périphériques et à ne pas laisser le monopole culturel se normaliser dans un centre ville embourgeoisé et clos sur lui-même, l'A.A.E.L. (Association pour l'Art et l'Expression Libres) défend un projet de lieu interculturel et social à La Cépière, son quartier : le Hangar. D'abord investit de fait en 2000, cet entrepôt à l'abandon s'est transformé en un lieu d'échange, de rencontre et de fête avant de se faire démolir par le propriétaire du terrain en friche, la S.A. HLM Les Chalets en 2007 (voir encart). Ce conflit entre, d'un côté, la vie de quartier et les activités culturelles alternatives et de l'autre, les objectifs rentiers du cynisme immobilier est parfaitement représentatif du problème de la spéculation dans nombre de villes françaises, où des sociétés peu scrupuleuses étouffent les initiatives citoyennes plus ou moins radicales au profit ... de leurs profits. Mais la détermination des associations et des habitants a réussit à sauver l'initiative et à forcer l'entreprise, après plusieurs années de procédures judiciaires et de rumeurs de relogement, à leur accorder la moitié de la friche. Le Hangar est en voie d'être reconstruit en « un grand local polyvalent favorisant la construction de liens sociaux et offrant une programmation culturelle dans un environnement où elle est inexistante ». Porté désormais par plusieurs associations dans le collectif Vivre à la Cépière1, le projet valorise un lieu proche des habitants, au coeur du quartier, pour « permettre à chacun d'être acteur de la culture et non pas simplement consommateur ». S'appuyant sur des initiatives variées et créatives, le Hangar incarne tout à fait ce que peut être une Culture vivante et ouverte à tous, créant de la mixité et du lien social.

L'A.A.E.L. a pour elle une longue expérience de ces initiatives puisqu'elle donne et se donne depuis 35 ans les moyens matériels nécessaires à une critique autonome. Parce qu'on a pris l'habitude de déléguer notre parole aux journalistes de métier via des institutions médiatiques qui leur sont réservés, l'A.A.E.L. est l'évidence même : maîtriser à la source les moyens techniques de l'expression. C'est de cette maîtrise que vient sa prétention à une certaine liberté dans la création artistique, la diffusion et l'édition, et cela pour échapper à la normalisation de l'information qui homogénéise les relations sociales et les modes de vie. Le but : donner à lire et donner les moyens de s'exprimer, le moyen : se réapproprier les outils dont l'alliance capitalisto-médiatique nous éloigne. S'exprimer ? C'est « s'indigner contre des faits politiques ou de société aliénant l'intégrité et les droits individuels » (à commencer, en acte, par le droit à l'expression), c'est se faire le relais « de luttes et de refus forts ». S'exprimer librement c'est se faire entendre contre une censure subtile et cachée, quasiment intériorisée, celle qui s'impose de fait en coupant court à toute parole alternative.

La liberté ne se demande pas, elle se prend ! C'est dans cette voie que l'A.A.E.L. s'efforce de mettre en oeuvre une expression à contre-courant, affranchie des impératifs médiatiques et surtout, indépendante des pouvoirs de la censure. Ses publications passées et présentes reflètent donc une expression libertaire répondant à une logique créative et non pas suiveuse et vide comme c'est le cas dans la grande majorité de la presse. Ainsi du Contre-Journal, que l'on est invité à lire sur les murs, dans la rue, plutôt que de consommer seul, dans le métro ou ailleurs, un torchon qui finira à la poubelle. C'est donc investir la rue de manière différente, la faire vivre autrement que par ses vitrines et ses publicités. Ainsi également de BASTA, Journal d'opinion à parution circonstancielle, qui se dresse depuis plus de 30 ans pour réagir, dénoncer l'insupportable quand il se présente, crever les abcès (les abcès AZF, 21 Avril, Irak etc...), et relater enfin, au-delà des protestations, des alternatives concrètes et fidèles à sa vision. Le journal affirme la détermination de citoyens critiques qui ne sont pas dupes de ce qui se passe derrière leur dos. A côté de cela, l'A.A.E.L. n'a de cesse de nourrir son attachement à la critique sociale et à la lutte contre les injustices à travers des activités tournant autour du support papier : affiches directes et sans concessions, édition de livres (essais, BD, contes etc...) dont les auteurs, se reconnaissent dans la philosophie de l'association, et ne trouveraient sûrement pas une ligne éditoriale aussi ouverte ailleurs. Enfin, l'A.A.E.L. et Vivre à la Cépière organisent depuis 2005 et chaque année l'unique (!) salon du livre de Toulouse : l'Anarphabète. Invitant de petites maisons d'éditions indépendantes et certains acteurs de la critique sociale militante2, c'est une occasion encore une fois de tisser des liens, d'être acteur d'une dynamique d'échanges politiques, culturels, artistiques, sociaux et festifs tout en faisant vivre un quartier déclaré secrètement « périphérie culturellement non-productive » et laissé à l'appétit douteux des constructeurs à la botte du nouvel ordre urbain.

1
Tocatar (échanges culturels), le Carburateur (technique son et lumière), les P'tites grillées (théâtre), Coup de soleil (interculturel et social), le Musée d'Aurignac (Culture), Vrack (Musique), les AMAP (agriculture bio et échanges sociaux)...
2
Editions Libertaires, No Pasaran, Le Corbeau, Hors Limites, CQFD, Le Kiosque, Le Coquelicot, et d'autres...


Encart :

La S.A. HLM Les Chalets gère depuis 40 ans un patrimoine de plus de 7100 logement dans le département de la Haute-Garonne, principalement dans l'aire urbaine de Toulouse et plus spécifiquement dans la zone du quartier du Mirail. Son actionnaire majoritaire est le Conseil Général qui l'a sauvé de la dérive à grand renfort d'argent public pour en faire un instrument dans sa politique urbaine. La spéculation immobilière, prétextant de faire du « social », construit des cages à lapins et profite de la crise du logement toulousain (aggravée par l'explosion de l'usine AZF en 2001) au détriment des alternatives citoyennes et de la qualité de vie des quartiers.

Admin
Admin

Messages : 40
Date d'inscription : 20/01/2008

https://pires.forumpro.fr

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser